LES PROCÉDÉS
COMIQUES :
Le comique repose sur
un décalage par rapport à la normalité, un excès, quelque chose
d'inattendu ou inadapté.
I – LE COMIQUE DE
GESTE :
Héritage
de la farce et de la commedia dell'arte, il s'appuie sur une
gestuelle : coups de pieds, coups de bâton, gifles, chutes,
mouvements de corps précipités ou étudiés, cabrioles,
accessoires, bousculades, grimaces, déformations de la voix. Tous
ces procédés se trouvent en abondance chez Molière :
Exemple :
Dom Juan, II, 3 : Dom
Juan tente de frapper Pierrot qui se cache derrière Charlotte :
« PIERROT,
se mettant entre-deux et
poussant Dom Juan: Tout
doucement, Monsieur, tenez-vous, s'il vous plaît. Vous vous
échauffez trop, et vous pourriez gagner la purésie.
DOM JUAN, repoussant rudement Pierrot: Qui m'amène cet impertinent?
PIERROT: Je vous dis qu'ou vous tegniez, et qu'ou ne caressiais point nos accordées.
DOM JUAN continue de le repousser: Ah ! que de bruit !
PIERROT: Jerniquenne! ce n'est pas comme ça qu'il faut pousser les gens.
CHARLOTTE, prenant Pierrot par le bras: Et laisse-le faire aussi, Piarrot.
PIERROT: Quement ? que je le laisse faire ? Je ne veux pas, moi.
DOM JUAN: Ah !
PIERROT: Testiguenne ! Parce qu'ous êtes Monsieu, ous viendrez caresser nos femmes à note barbe? Allez-v's-en caresser les vôtres.
DOM JUAN: Heu ?
PIERROT: Heu. (Dom Juan lui donne un soufflet.) Testigué! ne me frappez pas. (Autre soufflet.) Oh! jernigué! (Autre soufflet.) Ventrequé! (Autre soufflet.) Palsanqué! Morquenne! ça n'est pas bian de battre les gens, et ce n'est pas là la récompense de v's avoir sauvé d'estre nayé.
CHARLOTTE: Piarrot, ne te fâche point.
PIERROT: Je me veux fâcher; et t'es une vilaine, toi, d'endurer qu'on te cajole.
CHARLOTTE: Oh! Piarrot, ce n'est pas ce que tu penses. Ce Monsieur veut m'épouser, et tu ne dois pas te bouter en colère.
PIERROT: Quement ? Jern i! tu m'es promise.
CHARLOTTE: Ça n'y fait rien, Piarrot. Si tu m'aimes, ne dois-tu pas être bien aise que je devienne Madame ?
PIERROT: Jerniqué ! Non. J'aime mieux te voir crevée que de te voir à un autre.
CHARLOTTE: Va, va, Piarrot, ne te mets point en peine: si je sis Madame, je te ferai gagner queuque chose, et tu apporteras du beurre et du fromage cheux nous.
PIERROT: Ventrequenne ! je gni en porterai jamais, quand tu m'en poyrais deux fois autant. Est-ce donc comme ça que t'escoutes ce qu'il te dit ? Morquenne ! Si j'avais su ça tantost, je me serais bian gardé de le tirer de gliau, et je gli aurais baillé un bon coup d'aviron sur la teste.
DOM JUAN, s'approchant de Pierrot pour le frapper: Qu'est-ce que vous dites?
PIERROT, s'éloignant derrière Charlotte: Jerniquenne ! Je ne crains parsonne.
DOM JUAN passe du côté où est Pierrot: Attendez-moi un peu.
PIERROT repasse de l'autre côté de Charlotte: Je me moque de tout, moi.
DOM JUAN court après Pierrot: Voyons cela.
PIERROT se sauve encore derrière Charlotte: J'en avons bien vu d'autres.
DOM JUAN: Houais !
SGANARELLE: Eh ! Monsieur, laissez là ce pauvre misérable. C'est conscience de le battre. Écoute, mon pauvre garçon, retire-toi, et ne lui dis rien.
PIERROT passe devant Sganarelle, et dit fièrement à Dom Juan: Je veux lui dire, moi.
DOM JUAN lève la main pour donner un soufflet à Pierrot, qui baisse la tête, et Sganarelle reçoit le soufflet: Ah ! je vous apprendrai.
SGANARELLE, regardant Pierrot qui s'est baissé pour éviter le soufflet: Peste soit du maroufle !
DOM JUAN: Te voilà payé de ta charité.
PIERROT: Jarni ! je vas dire à sa tante tout ce ménage-ci.
DOM JUAN: Enfin je m'en vais être le plus heureux de tous les hommes, et je ne changerais pas mon bonheur à toutes les choses du monde. Que de plaisirs quand vous serez ma femme! et que...
DOM JUAN, repoussant rudement Pierrot: Qui m'amène cet impertinent?
PIERROT: Je vous dis qu'ou vous tegniez, et qu'ou ne caressiais point nos accordées.
DOM JUAN continue de le repousser: Ah ! que de bruit !
PIERROT: Jerniquenne! ce n'est pas comme ça qu'il faut pousser les gens.
CHARLOTTE, prenant Pierrot par le bras: Et laisse-le faire aussi, Piarrot.
PIERROT: Quement ? que je le laisse faire ? Je ne veux pas, moi.
DOM JUAN: Ah !
PIERROT: Testiguenne ! Parce qu'ous êtes Monsieu, ous viendrez caresser nos femmes à note barbe? Allez-v's-en caresser les vôtres.
DOM JUAN: Heu ?
PIERROT: Heu. (Dom Juan lui donne un soufflet.) Testigué! ne me frappez pas. (Autre soufflet.) Oh! jernigué! (Autre soufflet.) Ventrequé! (Autre soufflet.) Palsanqué! Morquenne! ça n'est pas bian de battre les gens, et ce n'est pas là la récompense de v's avoir sauvé d'estre nayé.
CHARLOTTE: Piarrot, ne te fâche point.
PIERROT: Je me veux fâcher; et t'es une vilaine, toi, d'endurer qu'on te cajole.
CHARLOTTE: Oh! Piarrot, ce n'est pas ce que tu penses. Ce Monsieur veut m'épouser, et tu ne dois pas te bouter en colère.
PIERROT: Quement ? Jern i! tu m'es promise.
CHARLOTTE: Ça n'y fait rien, Piarrot. Si tu m'aimes, ne dois-tu pas être bien aise que je devienne Madame ?
PIERROT: Jerniqué ! Non. J'aime mieux te voir crevée que de te voir à un autre.
CHARLOTTE: Va, va, Piarrot, ne te mets point en peine: si je sis Madame, je te ferai gagner queuque chose, et tu apporteras du beurre et du fromage cheux nous.
PIERROT: Ventrequenne ! je gni en porterai jamais, quand tu m'en poyrais deux fois autant. Est-ce donc comme ça que t'escoutes ce qu'il te dit ? Morquenne ! Si j'avais su ça tantost, je me serais bian gardé de le tirer de gliau, et je gli aurais baillé un bon coup d'aviron sur la teste.
DOM JUAN, s'approchant de Pierrot pour le frapper: Qu'est-ce que vous dites?
PIERROT, s'éloignant derrière Charlotte: Jerniquenne ! Je ne crains parsonne.
DOM JUAN passe du côté où est Pierrot: Attendez-moi un peu.
PIERROT repasse de l'autre côté de Charlotte: Je me moque de tout, moi.
DOM JUAN court après Pierrot: Voyons cela.
PIERROT se sauve encore derrière Charlotte: J'en avons bien vu d'autres.
DOM JUAN: Houais !
SGANARELLE: Eh ! Monsieur, laissez là ce pauvre misérable. C'est conscience de le battre. Écoute, mon pauvre garçon, retire-toi, et ne lui dis rien.
PIERROT passe devant Sganarelle, et dit fièrement à Dom Juan: Je veux lui dire, moi.
DOM JUAN lève la main pour donner un soufflet à Pierrot, qui baisse la tête, et Sganarelle reçoit le soufflet: Ah ! je vous apprendrai.
SGANARELLE, regardant Pierrot qui s'est baissé pour éviter le soufflet: Peste soit du maroufle !
DOM JUAN: Te voilà payé de ta charité.
PIERROT: Jarni ! je vas dire à sa tante tout ce ménage-ci.
DOM JUAN: Enfin je m'en vais être le plus heureux de tous les hommes, et je ne changerais pas mon bonheur à toutes les choses du monde. Que de plaisirs quand vous serez ma femme! et que...
II
– LE COMIQUE DE LANGAGE :
Jeu avec les mots, avec le sens ou
le non-sens : création de langages inventés, déformés ou
reconstitués.
Exemple :
le patois Paysan entre Pierrot et Charlotte dans Dom Juan.
III
– LE COMIQUE DE SITUATION :
Repose sur l'action et l'intrigue et
suppose une complicité avec le spectateur. Le quiproquo :
méprises et malentendus consistant en un décalage au niveau de la
communication : les personnages pensent qu'ils parlent de la
même chose alors qu'ils parlent de deux choses différentes.
Exemple :
Dans L'Avare
de Molière, Harpagon (l'avare) parle à Valère (son futur gendre)
de sa cassette (son petit coffre contenant un trésor) avec beaucoup
d'affection. Valère croit qu'Harpagon parle de sa fille.
Le
quiproquo peut aussi porter sur l'identité : un personnage
prend quelqu'un pour quelqu'un d'autre.
Exemple :
Dans Dom Juan,
Sganarelle
se déguise en médecin et finit par se prendre pour un vrai médecin.
Acte
III, scène 1 :
« SGANARELLE :
Mais, savez-vous, monsieur, que cet habit me met déjà en
considération, que je suis salué des gens que je rencontre, et que
l'on me vient consulter ainsi qu'un habile homme ? »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Seuls les élèves de Madame Polvêche sont autorisés à commenter en notant nom, prénom et classe en haut du commentaire. Tous les commentaires des élèves seront supprimés en fin de confinement. Aucun autre commentaire n'est possible.