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lundi 10 novembre 2014

Séance 1 : Dans l'enfer de Verdun.

Séquence 2 – Les récits de guerre

Problématique : Comment la diversité des témoignages rend-elle proche l'expérience de la guerre ?

Objectifs : - Connaître les principaux événements de 1914 à 1945 – Étudier des œuvres relatant la violence de la guerre (Histoire des Arts) – Analyser des témoignages de guerre – Lire une fiction sur le thème de la guerre

Séance 1 : Dans l'enfer de Verdun.

Objectifs: - Comprendre les événements historiques – Etudier des images des tranchées -Analyser des lettres de poilus – Comprendre les paroles rapportées – Revoir les codes de la lettre

Définition : Qu'est-ce qu'un « poilu », en 14-18 ? Expliquez.




Texte 1 : Le témoignage d'un poilu :

Voici la retranscription d'une interview d'un poilu, Marius Grimaud, en 1987 :

E = enquêteur - T = témoin
T : "Ils étaient debout dans les tranchées... Ils tiraient... Alors, nous - le capitaine avait été tué la veille, le lieutenant avait pris le commandement, oh ! il était bien gentil et puis il marchait comme nous - on avançait - c'étaient des fourrés - il y en avait qui se cachaient derrière les arbres... On s'est aplati... comme ça ... et c'est comme ça ... Je regardais si le lieutenant disait d'avancer ou de reculer ...
E : "Et vous avez pris quoi?"
T : "Une balle...Elle est rentrée là, au cou, elle a pas coupé la grande artère - elle a été entamée, mais pas coupée - . Je me saignais. Lui me tenait. Je sais pas si je suis resté longtemps... Alors, il m'a dit : "Reste pas là, tu vas voir, ils vont attaquer, ils vont t'achever !" Alors, je lui ai demandé, "Enlève-moi mes équipements." Alors, il m'a tout enlevé et il m'a dit : "Il faut vite t'en aller, il faut pas rester là !" Alors je lui ai dit: "Eh ben, tu m'emmènes...". Il m'a dit : "Non, je peux pas t'emmener, tu sais bien ce qu'on a dit !" C'est vrai la veille, ils avaient dit : "Défendu de s'occuper d'un blessé !" parce qu'il y en avait trop ; quand il y avait un blessé, y'en avait deux ou trois pour 1'emmener, et puis.. Alors, j'ai dit "Ah! oui" et puis je suis retombé... Lui me tirait toujours. C'était pas mon heure d'être tué. La balle avait rentré là ; alors, quand elle a touché la mâchoire, la mâchoire a éclaté ; ça a tout parti : la bouche, les dents...
E : "Ça vous avait arraché la joue ?"
T : "Ah ! oui elle pendait... Alors, le copain qui était de Sorbiers m'a dit après : "Quand je t'ai vu en aller, j'ai pensé: "Il veut pas aller bien loin...." avec ta mâchoire qui pendait". J'avais été porté mort.
E : "Vous êtes resté un certain temps à terre ?"
T : "J'y sais pas ... J'ai rien senti...J'ai parti... C'était pas mon heure ! Les balles sifflaient, sifflaient... "




Exercice 1 : Surlignez toutes les paroles rapportées par le poilu. De quel type de discours s'agit-il ?


Exercice 2 : D'une autre couleur, surlignez toutes les marques d'oralité. Que traduisent-elles des sentiments du poilu ?




Texte 2 : La lettre d'un poilu
Mercredi 29 septembre 1915

Ma chère Louisette,

Je t'ai promis, presque solennellement, de te dire la vérité ; je vais m'exécuter, mais en revanche tu m'as donné l'assurance que tu aurais les nerfs solides et le cœur ferme.
Je suis depuis ce matin dans des tranchées conquises depuis 2 jours, l'ensemble de ces tranchées et boyaux forme un véritable "labyrinthe", où j'ai erré 3 heures cette nuit, absolument perdu. Les traces de la lutte ardente y sont nombreuses et saisissantes ; et d'abord elles sont plus qu'à moitié détruites par l'ouragan de mitraille que notre artillerie y a lancé, aussi sont-elles incommodes et horriblement sales malgré les réparations urgentes que nous y avons faites ; tout y manque : l'eau (propre ou sale), les boyaux, les latrines ; elles sont à moins de 200 mètres de la 1ère ligne ennemie, avec laquelle elles communiquent par des boyaux obturés ; elles sont parsemées de cadavres français et allemands ; sans presque me déranger j'en compte bien 20 figés dans les attitudes les plus macabres. Ce voisinage n'est pas encore nauséabond, mais il fait tout de même mal aux yeux ; ce matin, à 5 heures, nous arrivons mouillés et harassés, et j'entre dans le premier abri venu pour me détendre, j'avise une bonne planche, m'y étends, la trouve moelleuse, mais 5 minutes après je m'aperçois qu'elle fait sommier sur 2 cadavres allemands ; et bien, crois-moi, ça fait tout de même quelque chose, au moins la 1ère fois. On marmite fort tout autour de nous et vraiment c'est parfois un vacarme ; déjà je ne salue presque plus.
Le mal n'est pas là ; il est surtout dans le temps qui est affreux ; depuis 3 jours au moins, les rafales de pluie succèdent aux averses ; les boyaux sont des fondrières innommables, où l'on glisse, où l'on se crotte affreusement ; aussi suis-je sale au superlatif, au moins jusqu'à la ceinture ; mes mains sont boueuses et les resteront jusqu'au départ ; mes souliers sont pleins d'eau ; heureusement le corps est sec, car l'air est presque froid et le ciel livide. Autour de moi les gens font une tête ! Il nous faudra beaucoup de patience et de moral.
Nous sommes coiffés du nouveau casque en tôle d'acier ; c'est lourd et incommode, mais cela donne une sérieuse protection contre les éclats de fusants et contre les ricochets, aussi le porte-t-on sans maugréer. Nous avons aussi tout un attirail contre les gaz asphyxiants. Mais nous serons mal ravitaillés : un seul repas, de nuit, qui arrivera froid le plus souvent ; et cela s'explique à la fois par la longueur des boyaux et par la difficulté de parcourir une large zone découverte.
A ce tableau un peu sombre mais véridique il convient d'ajouter deux correctifs ; d'abord nous aurons un rôle défensif, nous sommes chargés de mettre en état le secteur très bouleversé ; ensuite les Allemands contre-attaquent peu, par suite du manque d'effectifs et de l'état de leurs affaires en Champagne. Pour ces 2 raisons, il se pourrait très bien que nous n'ayons pas à les regarder dans les yeux ; c'est d'ailleurs le vœu unanime ici.
Ma lettre va t'arriver en pleine période de réinstallation et de soucis ; j'essayerai d'en prendre ma part de loin ; cela me distraira et me fondra un peu plus avec vous. Je te souhaite du calme et du courage pour triompher de ces petites difficultés.
Tu sais combien je t'aime et quels tendres baisers je t'envoie, partage avec nos chers petits.
(signé) Déléage
P.S. J'approuve absolument ta décision relative à la gentille offre de Catherine.
Questions de lecture :
Relevez les métaphores qui décrivent les tranchées et l'horreur de la guerre :




Surlignez dans le texte le champ lexical de la mort. Donnez la classe grammaticale de chacun de ces termes.




Le poilu éprouve-t-il de la haine vis à vis des soldats allemands ? Justifiez.




Travail d'écriture (à faire sur une feuille de cours) : Écrire une lettre: Marius Guinand, après sa blessure, écrit à sa femme pour lui raconter ce qui lui est arrivé et pour la rassurer. Vous écrirez cette lettre privée en respectant les codes de la lettre. Vous réutiliserez de nombreux éléments de l'interview.


Synthèse : A partir du diaporama, faîtes la synthèse : Comment était la vie des poilus dans les tranchées ?

Diaporama : Les tranchées

POUR ALLER PLUS LOIN : Grande guerre : la chambre d'un soldat intacte 100 ans après
Vidéo : C'est pas Sorcier : 14 - 18 














































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