La
littérature d'idées au service des Lumières :
Déjà représenté au siècle précédent (La Fontaine,
XVIIe, précurseur des Lumières), la littérature d'idées se
développe au XVIIIe, avec la réflexion et la contestation. Devient
critique et arme car elle enseigne, elle est donc menacée par la
censure. En conflit avec le contexte politique, social, religieux
dans ses thèmes divers (critique le Roi, les Grands, l'Église, la
justice, les inégalités). Ses attaques remettent en question les
croyances. Ses genres littéraires son très diverses : romans,
théâtre, contes...
Elle a fortement contribué à faire basculer la
monarchie absolue et à déclencher la Révolution.
I – Un
contexte politique, social et religieux contesté :
Contestation de l'absolutisme et de la société sur
laquelle il repose.
A ) La
mise en cause de l'absolutisme :
Le règne de Louis XIV s'achève sur une période
austère et sombre en 1715.
1715
- 1723 : Régence de Philippe d'Orléans : libéralisation
des mœurs mais régime toujours centralisé qui le restera sous
Louis XV.
1720 :
Grave crise financière dues à l'échec du système de Law
(remplacement de la monnaie métal par de la monnaie papier,
spéculation sur les Indes. L'État est dans l'incapacité de rendre
l'argent et fait banqueroute.) Augmentation des impôts qui creusent
les inégalités.
1723
- 1774 : Louis XV
1774
- 1792 : Louis XVI ---> 1789 : Crise grave qui précipite
les événements révolutionnaires.
Le
roi détient tous les pouvoirs et le droit divin héréditaire
(représente Dieu sur Terre.) Il choisit les représentants de son
pouvoir politique. Montesquieu, « Lettre persane 99 » :
« Le Prince imprime le caractère de son esprit à la Cour ;
la Cour à la ville, la ville aux Provinces. »
Louis XVI guillotiné |
B
) Les inégalités sociales :
La société, liée à la politique, repose sur des
inégalités flagrantes.
1715 : 24 millions de sujets dont ½ millions de
nobles. Montesquieu, pourtant noble, critique leur arrogance. La
haute bourgeoisie détient les richesses mais ne participe pas à la
politique. Beaucoup d'écrivains en font partie. La petite
bourgeoisie vit difficilement. Le reste vit dans la précarité :
paysans et ouvriers, population illettrée qui ne peut se défendre.
C
) Les questions religieuses :
Le catholicisme est religion d'État : rejet et
condamnation de tous ceux qui n'adhèrent pas à cette religion.
1685 – révocation de l'Édit de Nantes par l'Édit de
Fontainebleau qui interdit le protestantisme sur le territoire
français. Les protestants doivent se convertir, s'exiler ou vivre
dans la clandestinité.
1763 – Affaire Calas : Traité sur la
Tolérance écrit par Voltaire à l'occasion de la mort de Jean
Calas (Un couple protestant retrouve leur fils suicidé. Pour éviter
des funérailles honteuses, ils déclarent l'avoir trouvé étranglé.
Le père est accusé et soumis au supplice de la roue.
Calas
soumis au supplice de la roue
Clamant son innocence, il est brûlé. Voltaire, croyant
l'accusation, écrit une lettre condamnant Calas, mais le deuxième
fils Calas lui explique. Voltaire se bat alors pour la réhabilitation
de la mémoire du père Calas et y parvient.)
1789 – Décret de l'Assemblée constituante (Députés
du Tiers États + clergé et noblesse) : accorde la citoyenneté
aux Protestants et aux juifs. Le pouvoir s'oppose aux jésuites dont
les écoles sont fermées en 1761 et qui sont chassés en 1764, et
aux jansénistes. Jésuites : sont contre l'Encyclopédie.
Jansénistes : sont, pour les philosophes, figure de victimes de
l'intolérance religieuse.
La contestation littéraire s'attaque aux institutions
et aux mentalités.
II
– Le combat philosophique :
La littérature d'idées du XVIIIe lutte contre les
traditions, devenues conformistes et pleines de préjugés, et veut
construire. Émergence de la notion nouvelle de « droit ».
A)
Le refus des traditions et l'esprit d'examen :
Les « philosophes », hérités des
« Modernes » du XVIIe, veulent sur les croyances, les
préjugés et les traditions, un esprit d'examen :
confronter les croyances à la réalité des faits, et voir l'absence
de fondement des préjugés. Voltaire, Lettres philosophiques :
caractère stéréotypés des certitudes et des comportements. La
contestation vise le pouvoir politique au même titre que les
superstitions.
Diderot, L'Encyclopédie, « Autorité
politique » : attaque l'absolutisme de droit divin au nom
du respect de Dieu : Exemple de la monarchie parlementaire
anglaise.
Voltaire, Dictionnaire Philosophique « Torture »:
Attaque de la « question » et de l'esclavage.
La question
B)
L'innovation :
Contestation des principes de la monarchie, des
inégalités et injustices qui en découlent conduit à innover et
reconstruire. Élaboration d'un type de régime idéal : le
despotisme éclairé
(n'a jamais été appliqué : un monarque éclairé par la
raison et soucieux du bonheur de ses sujets. Pouvoir tempéré par
des Chambres de membres élus. S'apparente à une monarchie
constitutionnelle ou parlementaire.)
Idée
véhiculée par l'Encyclopédie,
didactique: instruction et modification des mentalités. Notions
nouvelles qui se concrétisent dans les cahiers de doléances en 1789
(cahiers rédigés par la population, dans laquelle elle peut mettre
ses remarques sur le pouvoir, les lois etc. Mais comme la majorité
de la population ne sait pas écrire, ce sont les érudits, autrement
dit les nobles et les bourgeois, qui les rédigent, ils ne reflètent
donc pas la population) et par la Déclaration des droits de l'Homme
et du citoyen le 26 août 1789/
C)
L'émergence de la notion de « droit » :
Le roi n'est plus considéré comme de droit divin.
Il est arrêté, jugé et condamné à la guillotine le 21 janvier
1793. Évolution des idées : deviennent démocratiques,
conscience politique citoyenne. La littérature engagée rendue
accessible au public permet l'apprentissage de la notion de
« droit ».
III
– Un nouvel idéal : le philosophe :
Portrait du philosophe :
XVI →
humaniste
XVII →
honnête homme
XVIII → philosophe
Dumarsais,
L'Encyclopédie,
« Philosophe » : Le philosophe est un homme de
terrain : vie sociale active. Formation et curiosité issues de
sa culture humaniste, il a ses racines dans l'Antiquité mais montre
une ouverture d'esprit aux problèmes de son siècle. Il utilise les
lieux (salons, cafés) et les armes de la critique : lettres,
essais et en crée de nouvelles : Dictionnaires
philosophiques,
Encyclopédie.
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