Catégories

mercredi 7 janvier 2015

Séance 6 : Une nouvelle fantastique : la morte amoureuse

Séance 6 : Une nouvelle fantastique : la morte amoureuse


Travail de groupe : l'hésitation fantastique

Incipit :
Vous me demandez, frère, si j'ai aimé ; oui. C'est une histoire singulière et terrible, et, quoique j'aie soixante six ans, j'ose à peine remuer la cendre de ce souvenir. Je ne veux rien vous refuser, mais je ne ferais pas à une âme moins éprouvée un pareil récit. Ce sont des événements si étranges, que je ne puis croire qu'ils me soient arrivés. J'ai été pendant plus de trois ans le jouet d'une illusion singulière et
diabolique. Moi, pauvre prêtre de campagne, j'ai mené en rêve toutes les nuits (Dieu veuille que ce soit un rêve !) une vie de damné, une vie de mondain et de Sardanapale.

Milieu de la nouvelle :
Clarimonde entra en robe de nuit, et, s'étant débarrassée de ses voiles, s'allongea dans le lit auprès de moi. Quand elle se fut bien assurée que je dormais, elle découvrit mon bras et tira un e épingle d'or de sa tête ; puis elle se mit à murmurer à voix basse :
" Une goutte, rien qu'une petite goutte rouge, un rubis au bout de mon aiguille !... Puisque tu m'aimes encore, il ne faut pas que je meure... Ah! pauvre amour ! Ton beau sang d'une couleur pourpre si éclatante, je vais le boire. Dors, mon seul bien ; dors, mon dieu, mon enfant ; je ne te ferai pas de mal, je ne prendrai de ta vie que ce qu'il faudra pour ne pas laisser éteindre la mienne. Si je ne t'aimais pas tant, je pourrais me résoudre à avoir d'autres amants dont je tarirais les veines ; mais depuis que je te connais, j'ai tout le monde en horreur... Ah ! le beau bras ! Comme il est rond ! Comme il est blanc ! Je n'oserai jamais piquer cette jolie veine bleue."
Et, tout en disant cela, elle pleurait, et je sentais pleuvoir ses larmes sur mon bras qu'elle tenait entre ses mains. Enfin elle se décida, me fit une petite piqûre avec son aiguille et se mit à pomper le sang qui en coulait. Quoiqu'elle en eût bu à peine quelques gouttes, la crainte de m'épuiser la prenant, elle m'entoura avec soin le bras d'une petite bandelette après avoir frotté la plaie d'un onguent qui la cicatrisa sur le champ.

La Morte Amoureuse, Théophile Gauthier, 1836.

Questions :
Le prénom de la créature est construit sur un mot-valise. Quel est-il ?


Comment sait-on qu'il s'agit d'un vampire ?


Comment la femme vampire prélève-t-elle le sang ? Que pouvez vous en déduire sur son caractère ?



Regardez l'incipit : comment le prêtre qualifie-t-il sa vie auprès de la créature ?



Remplissez le tableau :
Vision qu'a le prêtre à propos de la créature
Véritable attitude de la créature









Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face a un événement en apparence surnaturel […]. Un phénomène surnaturel a lieu : pour obéir a son esprit déterministe, le lecteur se voit oblige de choisir entre deux solutions : ou bien ramener ce phénomène a des causes connues, a l’ordre naturel, en qualifiant d’imaginaire les faits insolites ; ou bien d’admettre l’existence du surnaturel et donc apporter une modification a l’ensemble des représentations qui forment son image du monde. Le fantastique dure le temps de cette incertitude ; des que le lecteur opte pour l’une ou l’autre solution, il glisse dans l’étrange ou le merveilleux. ≫
T. Todorov, Introduction à la littérature fantastique


Les temps du passe
Conjuguez les verbes de ce récit au passé, en choisissant comme temps de
référence le passé simple.
Soudain, alors que je……………………….. (se retourner), je ……………………….. (croire) discerner comme une trainee blanche entre deux ifs sombres, dans la zone du cimetiere la plus eloignee de la tombe. En meme temps, une masse sombre ……………………….. (bouger), ou le professeur ……………………….. (disparaitre), et ……………………….. (se precipiter) vers la trainee blanche. Je ……………………….. (bouger), moi aussi, mais je ……………………….. (devoir) contourner des tombes et des steles funeraires. Je ……………………….. (trebucher) a plus d’une reprise. Le ciel ……………………….. (etre) menacant et, quelque part au-dehors, un coq insomniaque ……………………….. (chanter). A quelques metres a peine, au-dela de la ligne de genevriers qui ……………………….. (border) le sentier conduisant a l’eglise, une silhouette blanche, presque diaphane, ……………………….. (glisser) en direction de la tombe. Celle-ci etant cachee par une rangee d’arbres, je ne ……………………….. (pouvoir) distinguer ou ……………………….. (disparaitre) au juste la silhouette.
J’……………………….. (entendre) par contre, a l’endroit meme ou j’……………………….. (distinguer) l’etrange forme, un bruit de pas precipite et, en arrivant, ……………………….. (trouver) le professeur qui ……………………….. (tenir) dans ses bras un tout jeune enfant.
D’apres B. Stoker, Dracula

Inventez la fin de la nouvelle « La morte Amoureuse » :























Séance 6 (suite) : Une nouvelle fantastique : la morte amoureuse
L'hésitation fantastique - Exploiter un texte - Définir un genre

L'HESITATION FANTASTIQUE :

D'après Todorov : ≪ Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face a un événement en apparence surnaturel […]. Un phénomène surnaturel a lieu : pour obéir à son esprit déterministe, le lecteur se voit obligé de choisir entre deux solutions : ou bien ramener ce phénomène a des causes connues, a l’ordre naturel, en qualifiant d’imaginaire les faits insolites ; ou bien d’admettre l’existence du surnaturel et donc apporter une modification à l’ensemble des représentations qui forment son image du monde. Le fantastique dure le temps de cette incertitude ; dès que le lecteur opte pour l’une ou l’autre solution, il glisse dans l’étrange ou le merveilleux. ≫
T. Todorov, Introduction à la littérature fantastique


Surlignez les mots clés et réécrivez les :


Texte : Extrait de La Morte Amoureuse, p. 19 :

J'étais entièrement rétabli et j'avais repris mes fonctions habituelles. Le
souvenir de Clarimonde et les paroles du vieil abbé étaient toujours
présents à mon esprit ; cependant aucun événement extraordinaire n'était
venu confirmer les prévisions funèbres de Sérapion, et je commençais à
croire que ses craintes et mes terreurs étaient trop exagérées ; mais une nuit
je fis un rêve. J'avais à peine bu les premières gorgées du sommeil, que
j'entendis ouvrir les rideaux de mon lit et glisser les anneaux sur les
tringles avec un bruit éclatant ; je me soulevai brusquement sur le coude, et
je vis une ombre de femme qui se tenait debout devant moi. Je reconnus
sur-le-champ Clarimonde. Elle portait à la main une petite lampe de la
forme de celles qu'on met dans les tombeaux, dont la lueur donnait à ses
doigts effilés une transparence rose qui se prolongeait par une dégradation
insensible jusque dans la blancheur opaque et laiteuse de son bras nu. Elle
avait pour tout vêtement le suaire de lin qui la recouvrait sur son lit de
parade, dont elle retenait les plis sur sa poitrine, comme honteuse d'être si
peu vêtue, mais sa petite main n'y suffisait pas, elle était si blanche, que la
couleur de la draperie se confondait avec celle des chairs sous le pâle rayon
de la lampe. Enveloppée de ce fin tissu qui trahissait tous les contours de
son corps, elle ressemblait à une statue de marbre de baigneuse antique
plutôt qu'à une femme douée de vie. Morte ou vivante, statue ou femme,
ombre ou corps, sa beauté était toujours la même ; seulement l'éclat vert de
ses prunelles était un peu amorti, et sa bouche, si vermeille autrefois,
n'était plus teintée que d'un rose faible et tendre presque semblable à celui
de ses joues. Les petites fleurs bleues que j'avais remarquées dans ses
cheveux étaient tout à fait sèches et avaient presque perdu toutes leurs
feuilles ; ce qui ne l'empêchait pas d'être charmante, si charmante que,
malgré la singularité de l'aventure et la façon inexplicable dont elle était
entrée dans la chambre, je n'eus pas un instant de frayeur.

Questions :

1 - Quel indice nous montre qu'il est possible que tout ceci ne ce soit jamais vraiment passé ?


2 - Relevez deux indices qui indiquent que Clarimonde est morte / d’autres
qui contredisent cet état :




3 - Quelles sont les deux explications possibles aux événements ?



4 - Peut-on trancher en faveur d’une des deux explications ?

5 - Remplissez le tableau :

ELEMENTS EN FAVEUR DE L'EXPLICATION RATIONNELLE
(l’Événement n'a pas vraiment eu lieu)
ELEMENTS EN FAVEUR DE L'EXPLICATION IRRATIONNELLE
(l’Événement a vraiment eu lieu)






































Synthèse : Vous définirez l’hésitation fantastique dans un paragraphe solide et argumenté :




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Seuls les élèves de Madame Polvêche sont autorisés à commenter en notant nom, prénom et classe en haut du commentaire. Tous les commentaires des élèves seront supprimés en fin de confinement. Aucun autre commentaire n'est possible.